Diversion

Un-Plusieurs (mono - pluri obsesionnel)
fuite-progression
dispersion-concentration
collectionneur-Idolatre (Don Juan)

Il ne peut y avoir progression qu'à partir du moment où il y a accumulation.

De deux mots, je choisis celui qui possède le plus grand nombre de sens,
donne lieu au plus grand nombre d'interprétations possible,
faute de trouver le mot juste.



En regardant Océane en ces premières années je me demandais comment des comportements enfantins nous apprennent quelque chose sur les comportements adultes, et éventuellement sur les futurs comportements de l'enfant devenu adulte (sur Océane quand elle sera grande).

Comment dire, Océane raffole de la nouveauté ou se fatigue très vite de ce qu’elle connaît. Il s’agit essentiellement de comportements alimentaires. Mis à part le chocolat, les pâtes, le riz, les pommes de terre, la viande, le poisson, et le fromage, il est assez difficile de lui donner à manger trois fois la même chose à quelques jours d’intervalle dans le domaine des légumes (mais cela, à la limite, n’est pas rare –dit on- …), des desserts, et des gâteaux ! (même avec les gâteaux au chocolat) A force de conviction on arrive à ce qu’Océane mange quelques bouchées d’un nouveau gâteau (il y a quelques temps, la nouveauté –donc- suffisait la première fois, la seconde également, pour que le gâteau soit mangé sans problème et en entier, à la troisième fois, le gâteau n’était plus mangé qu’à moitié, et la quatrième fois une seule bouchée / comme quoi, déjà il y a eu des évolutions, que ces évolutions -à l’échelle de l’année- sont sensibles et continuent : en ces temps de ‘non’, avant même de voir ce dont il s’agit, Océane peut nous exprimer qu’elle n’est pas disposée à manger ce qui va sortir de la cocotte minute ou de la poêle, … )

A l’époque où j’avais ces réflexions (il y a quelques semaines, un mois ou deux), j’observais donc qu’au bout de quelques tentatives un nouvel aliment devenait interdit, réduisant d’autant la liste des aliments autorisés. Qu’au fur et à mesure, les aliments possibles étaient tous interdits (en matière de légumes par exemple), que certaines parties du repas devenaient impossibles. Inutile de présenter quatre ou cinq ou plus aliments différents pour qu’elle choisisse, rien n’allait. Ce qui est paradoxal, c’est que ces aliments qu’elle refusait a priori, si elle avait vraiment faim ou si l’on insistait plus fort (parfois par la force pour arriver à ce qu’elle goûte au moins l’aliment, parfois par le jeu –quand l’atmosphère s’y prêtait) elle pouvait finalement les manger en proportions conséquentes. Aussi j’en déduisais que ce n’est pas qu’elle n’aimât pas définitivement, ou même temporairement, ces aliments, mais que c’était autre chose qui étai à l’œuvre. Ainsi, elle continuait d’aimer des aliments qu’elle refusait de manger, et le rapport qu’elle entretenait avec ces aliments, non seulement avaient cette ambiguïté, mais risquaient de porter, au fur et à mesure des refus, la marque de l’habitude d’un aliment qui ne se mange pas, qui agace, embête, se trouve souvent dans des situations ennuyeuses, un aliment désagréable finalement (alors que pour le goût, il aurait pu reste un aliment agréable) Et c’est comme si, à force de vouloir de la nouveauté, le quotidien perdait de sa saveur, devenait même détestable, et que plutôt que de se contraindre à cela, le jeun était la meilleure solution. Plutôt qu’un plaisir banal et quotidien, dans la quête d’un plaisir supérieur, on préfère le vide, le rien. Et avec le vide, le rien, la solitude, le sentiment d’inutile, … la perte de toute libido (envie de vivre)

Est-ce une illustration de l’adage : « le mieux est l’ennemi du bien » ?

Comment ce qu’un enfant nous montre peut représenter quelque chose pour un adulte ? Comment transposer l’envie de nouveauté et le refus du renouveler, comment transposer le jeun ? Comment transposer l’ambiguïté de ce jeun ? Est-ce que celui qui est à la recherche d’une nouveauté toujours renouvelée est comparable à Océane ? Est-ce qu’il jeun pour autant ? Est-ce qu’il lui reste le vrai goût du quotidien (et pourrait s’en satisfaire si il avait vraiment faim ou si la situation lui forçait la main, l’obligeait à tremper seulement les lèvres, en le laissant finir son plat) Est-ce que la recherche de l’extra-ordinaire a fait perdre le goût du quotidien ?


 
 



images et propos par Denis.